"Passé présent, présent passé"

J'étais venu de loin, et à présent, j'avais le ventre vide... Comme je contemplais l'horizon d'un regard perdu, je sentais mon esprit sombrer dans les brumes épaisses du passé.
Epuisé, je me couchai au travers du chemin sans scrupule pour celui qui trébucherait sur moi et laissait mon esprit s'envoler vers un passé douloureux, oubliant le présent...
Je revoyais Elfens, Fant et Susi se rouler dans la neige, magré leur famine, et Oria qui se tenait à mes côtés, fidèle femelle alpha... Comme je hurlait d'une joie naïve, elle frotta sa tête blanche contre mon épaule frêle... un corps malheuresement pas assez puissant pour la chasse... Des larmes se perdirent dans sa fourrure épaisse... Elle, elle savait que nous ne pourrions pas survivre à cet hiver... Ce fut d'ailleurs la première à partir, en raison de son refus obstiné à se nourrir, nous offrant généreusement toutes ses proies.
Aujourd'hui, je partageais ses pleurs, et me demandais amèrement pourquoi le créteur de ce massacre fut le seul à survivre... C'est Oria qui aurait dû survivre, c'était elle l'aînée de la meute...
Et Fant...
"Fant, tu n'aurais jamais dû partir... Tu aurais dû survivre... Comme les autres, d'ailleurs..."
J'aurais voulu courir, m'évader dans un autre monde... un monde où je Les retrouverai tous. Et ce que je fis.
Cette nuit là, je m'enfonçais au plus profond d'un rêve de paix et de silence. Autour de moi, Elfens, Fant, Susi et Oria semblaient planer sur l'immense étendue de glace. Autour de nous, le silence de la nuit brumeuse nous portait vers l'Infini, et je voulu que ce rêve perdure à jamais...

Mes rêves prirent une tournure plus sombre, par la suite... La meute était partie, j'étais seul... Tout était silencieux et blanc, ormis ces deux grands yeux jaunes. Ils me fixaient d'un regard dur et sévère, comme celui de... Cette pensée me réveilla en sursaut, et je consatais avec étonnement que je me trouvais au bord d'un précipice...
Non sans mal, je me hissais sur les pattes et me retournais d'un bond, après avoir senti une présence derrière moi. Toujours ces grands yeux jaunes qui me fixaient... Non! Ce n'était pas juste! J'étais parti pour oublier!! Un instant, je voulus sauter à sa gorge et en finir une fois pour toute, fit un pas... mais heureusement, la raison me retint: il était de loin mon aîné, je n'aurai rien pu contre lui...
Furieux, je me détournais de ce regard qui me hantais, et courus dans l'ombre de mon passé...
Toujours la même erreur...
Dans ma tête, sa voix raisonna : "Tu les as tous conduis à la mort... Pars!"

"Valkoinen."
Je le fixais dans les yeux, comme autrefois. L'envie soudaine de le saigner à blanc me vint à m'esprit, mais je ne parvint qu'à émettre un grognement sourd, et sans le vouloir, je dévoilait mes crocs durant quelques secondes.
Aussi soudainement que mes babines s'étaient retroussées, je baissai les yeux en signe d'escuse et me couchai sur le dos à ses grosses pattes. [=P]